AUBE RADIEUSE (2002)

Paroles

Lettre anonyme

Si je vous disais que votre ami Étienne Charry n‘était pas Charry du tout, le vrai Étienne Charry en réalité ressemblait beaucoup au véritable Étienne Charry et c’est pour ça qu’ils ont choisi Charry pour ce petit travail. Bon, c’était au mois de Novembre, il y avait des huîtres avec du champagne, il était en pleine forme physique, d’emblée il a dit non, je ne vais pas rester dans un bureau, il s’inscrit au conservatoire et ce jour-là, c’est eux qui ont organisé l’enregistrement en collaboration avec le faux Charry, bien entendu. Et aujourd’hui, aujourd’hui, aujourd’hui, Étienne Charry vit dans une ferme entre agriculture, collection de pierres et musique. Personne dans les rues, à neuf heures du soir. Il écoute, observe, il apprend la rigueur et le respect des grands maîtres du passé. Il y a évoqué la gravité de la situation : “ Plutôt pour, pour réfléchir le bruit des enregistrements et le renvoyer vers le haut, plutôt que de le renvoyer vers le bas où se trouvent les populations ”. Bon, bon, je crois qu’il a fallu plus de trois milliards et demi de francs, dépassement: Huit fois le budget prévu pour cet enregistrement. Cette technique pourrait même être utilisée d’ici à dix ans. Par exemple, on peut espérer diviser ce bruit par un facteur deux voir trois. Selon eux, éromric tansac ossitmo voir aussipétôt voir a primpiant atlil. Bon, il fait l’étude du cerveau humain et des chapeaux de cow- boy comme vous les appelez, il combat les incendies, il se fait manger à moitié par un requin, il joue avec le bras droit plié et aujourd’hui, aujourd’hui, il est de nouveau à l’œuvre.

Au matin

La neige s'amoncelait
Sur les épaules brûlantes
Baignées de lumière noire
Dansant devant les miroirs
Tout auréolée d'or, reine du ciel
Au-dessus de la piste multicolore
Ses mains laissant échapper des rayons
D'une incommensurable tendresse
Apparurent alors
Des lettres majuscules
Message d'espérance
une à une
Simplement
Il suffisait d'y croire
Pour la voir
Il fallait le vouloir
Souriante
Elle pleurait
En silence
Nous avions froid aux yeux
Mais c'était merveilleux
Au matin
Il y aurait le soleil
Tout serait terminé
Tout recommencerait
Enchantés
Nous irions regarder
Les oiseaux et les trains
En attendant demain


Aube radieuse

Tu n'appartiens plus au futur
C'est sur les ruines que se dessine
Ton avenir de souvenir
Ta solitude d'orpheline
J'avais lu l’avenir
Dans tes mains d'opaline
On nage dans mon cœur
Demain...Tu seras loin
Demain...Tu seras loin
Matin givré, nuit de mercure
Aube radieuse, cristaux de lune
Comme tu fais bien la révérence
J'entends déjà siffler le train
Adieu
Mes manches sont élimées
J'ai oublié la formule
Qui arrête la pendule
Lancé dans le cyclotron
Perdu dans le tourbillon


Osmose

Je ne vois que ton amour
Que ton sourire
Que tes cheveux dorés
Malgré les lourdes fumées noires
Rien ne compte plus pour moi
Que la douceur de tes yeux
Et ta peau qui irradie
Quand vient le soir
Nous nous aimons
À l'ombre des grandes cheminées
C'est l'osmose
Née de la nature dégénérée
Aujourd'hui
Les particules de soufre
Et d'ammoniaque s'égaient
Joyeusement autour de nous
Elles me rappellent
L'insouciance de nos jeux
Non loin du centre
D'incinération de notre enfance
Nous nous aimons
À l'ombre des grandes cheminées
C'est l'osmose
Née de la nature dégénérée


Bombe A

C'est avec son cerveau de tous les jours
Qu'il a lu son journal, jusque-là rien d'anormal
L'énergie dégagée par son thorax
A produit tout à coup
Une extraordinaire vague d'amour
C'est alors dans ses bras de tous les jours
Qu'il a pris tendrement toutes les choses vivantes
Dans la ville et même bien au-delà
L'explosion a touché
Sans distinction de sexe ou de couleur
C'est un jour, un jour pas comme tous les jours
Un jour où l'on a vu doucement tomber du ciel
Des nuées de spores iridescentes
La joie a jailli
Les ennemis se sont mis à chanter


Sur cette patinoire

Et plus fort que les milliards
Marche dans le brouillard 
Casse, détruit et brûle
Laisse naître l’amour
Vois les serpents en flammes
Dans les cieux de velours
Aime la vie même si
Elle ne t’aime pas
Sur cette patinoire
Ne crains pas de nous décevoir


L'antenne est à nous

L'antenne est à nous
L'empire à genoux
La flore nous implore
Partout les chenilles
Se changent en chenilles
L'or coule entre nos doigts
Je vis, j'aime la vie
Mais je la détruis
Les gens qui ont faim
Vivent pour trois fois rien
Au pied des montagnes
D'ordures, de déchets
Voilà ma nourriture
Le ciel à nos pieds
Là nous avons gagné
Ils sonnent à la porte
Voici le printemps
Voilà les mutants
Je suis pour les arbres
Mais je ne suis qu'un animal
Il n'y a plus d'air à respirer
Que fait-on du football, des robots
Des millions, des autos ?
Il n'y a plus rien de rien à piétiner
Que fait-on du confort
Des usines, des implants, des réseaux ?


Idées téléguidées
Peptides colonisés, dominés
Vitrine effervescente qui chante
Au-delà du réel, à côté
Entremets désarmés
Idées guidées
Téléguidées
Nouveau ! Meilleur ! Plus beau ! Moins cher ! S'impriment en continu
Au fond des zones et déserts
Des subconscients fourbus
Clones et claudettes se relaient
Visage familiers
Végétalisent sans compter
Salons ciblés, télévisés
Il pleut sur Mobiland, aujourd'hui
Il neige sur Vetiland, on s'ennuie
Je ne suis plus moi-même, mais encore
Moi-même n'est plus lui-même
J'ai la phobie des franges, c'est étrange
Elles se jettent sur moi, quelques fois
Et plus fort que les milliards
C'est la fin de l'histoire Je mange dans le noir


Coffre-fort
Je dors, je dors et je dors Je dors dans un coffre-fort
Puni, coincé, bouclé Je n'ai pas les clés
Je dors, dans un coffre-fort
Mais on ne m'appelle
Jamais "mon trésor"
Je vis entre quatre murs
Je connais par cœur
La moindre fissure
Je survole une rivière
Enflammée, enluminée
Qui serpente dans la nuit
Les chants des oiseaux nocturnes
Sculptent dans l'obscurité
Un espace inattendu
Qui soudain s'évapore
Car
Je dors, je dors, je dors
Dans un coffre-fort
Je sors, je sors, je sors
Tout seul sans mon corps
Je laisse mon enveloppe
Au fond de mon lit
C'est elle qui écope
Voilà, voilà, voilà
Ma vie est ici



Écrit, composé et produit par Étienne Charry Enregistré à Ferroland et Gula Studion. Voix et instruments EC, Jens et Petter Lindgärd sauf : Patrick (Électric Richelieu) Bartosh: Clavecin et piano (Serpents en flammes)
Hervé Bouétard : Batterie (Sur cette patinoire) Bertrand Burgalat : Arrangement de violons (Bombe A) Frédérique Charry : Piano (Rubis)
Christophe Dupouy : Flûte (Aube radieuse) Fred Jimenez : Guitare basse (Sur cette patinoire)
Mastering : Chab (Translab)


Merci à : Maria Fors, Max Recall, Thierry et Didier Poiraud, Charry/Esnault/Petit family, Jeff Geni,
La Bidule Team, Dominique Fournier, Laurent Ventaux, My old Sofa, Kindercore, Caroline Fillette,
Matthieu de Champeaux, Kestata, Pierre La Police, Claude Guyot, François Rioult, Grand Magasin,
Eggstone, Mopeds, David Bertil, Rider, Mickael Wondryx, Arsène, Alma et Frédérique, Franky Froc,
Dave Barrat, Les repasseurs, Nicolas Dufournet (Oreille gauche, paning et fading),
Thomas Jamois (Oreille droite), BB (Grand Manitou), Carlo Piccolo (Touche finale).


Création graphique : Frank Loriou
Photos : Charles Petit